Schweizer Schauwellensittiche - Daniel Lütolf
 
 

Daniel Lütolf
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Un entretien avec Daniel Lütolf par Mathew Ackers

1 Mathew Ackers (M.A.) : Daniel, la qualité de vos oiseaux parle pour eux, cependant, quel type d’accouplement vous a donné vos meilleurs oiseaux ? Accouplez-vous des oiseaux apparentés ou bien choisissez-vous les partenaires en fonction de leurs qualités visuelles ?

Daniel Lütolf (D.L.) : L’accouplement en fonction des qualités visuelles est une priorité pour moi. Lorsque je pratique un accouplement consanguin, les liens de parenté les plus proches sont oncle et nièce, par exemple, ou cousin et cousine.

Cependant, chaque fois que c’est possible, je laisse ensemble les « couples d’amour » (NdT : DL appelle ainsi les couples qui se sont formés librement en volière , les anglo-saxons les appellent pair bonds).

Ces accouplements sont, pour moi, les plus faciles à réaliser, ils sont également les plus prolifiques.

Si aucune raison objective ne s’oppose au maintien d’un « couple d’amour », je laisse les partnaires ensemble.

Je combine donc ces méthodes, tout en prenant également soin de ne pas accoupler deux oiseaux ayant les mêmes défauts.

 

2 .M.A. : Si vous aviez la possibilité de choisir un couple dans n’importe quel élevage dans le monde, où iriez-vous?

D.L. : Trouver des oiseaux de qualité et les introduire dans mon élevage n’est pas chose facile.

Dans le passé, j’ai travaillé avec succès avec des oiseaux provenant d’Afrique du Sud, d’Allemagne et, l’année dernière, avec quelques sujets importés d’Angleterre.

De temps en temps, j’introduis de bons oiseaux issus d’élevages qui travaillent avec des oiseaux issus de mes lignées.

Quelques éleveurs dont je sais pouvoir obtenir d’eux, en cas de besoin, des issus en retour, ont accès à mes meilleurs oiseaux.

Habituellement, ce sont les oiseaux issus de mes lignées qui donnent les meilleurs résultats.

 

3 . M.A. : Daniel, j’ai vu des photos de vos lutinos sur votre site web, ceux-ci ont une plume longue. Puis-je vous demander comment vous êtes arrivé à ce résultat, les accouplez-vous avec vos normales ou bien accouplez-vous lutino avec lutino ?

D.L. : Ma réussite avec les lutinos est le résultat d’un travail continuel pendant de nombreuses années.

J’introduis toujours mes tout meilleurs oiseaux dans les variétés de couleur comme la mutation ino et j’aime particulièrement accoupler les inos avec des perlées et des normales.

En revanche, si j’ai deux lutinos exceptionnels, je les accouple ensemble.

J’emprunte toujours la voie la moins orthodoxe en ce qui concerne l’élevage des lutinos.

La taille et le type passent, pour moi, avant la couleur laquelle est la mieux accomplie lorsque l’on utilise des normales facteur foncé.

Obtenir une bonne couleur est chose aisée, vous pouvez y arriver en une génération, en revanche, vous devez attendre des années pour obtenir et fixer les autres qualités.

Le tri des oiseaux effectué en fin de saison d’élevage est particulièrement important.

Grâce à lui, vous pouvez conduire votre élevage dans la direction dans laquelle vous voulez qu’il aille.

 

4 .M.A. : Quels oiseaux extérieurs ont eu la plus grande influence sur votre élevage ?

D.L. : Il n’ y aucun oiseau de la sorte que je puisse citer dans un passé récent.

Dans mes premières années d’élevage, j’essayais toujours d’acheter les tout meilleurs oiseaux que je pouvais obtenir avec cependant peu de réussite.

Plus tard, j’ai réalisé qu’il était préférable d’acquérir les plus petits jeunes des meilleurs couples.

Ces oiseaux sont habituellement moins onéreux et reproduisent mieux.

J’ai eu la chance de pouvoir obtenir ces oiseaux « clés » d’éleveurs plus expérimentés.

De nombreux oiseaux issus de mes propres lignées ont également eu une grande influence sur l’évolution de mon élevage en me donnant d’excellents jeunes en grand nombre.

Toutefois, si je devais citer deux noms, je dirais que les meilleurs oiseaux que j’ai pû me procurer provenaient des élevages d’Heinrich Ott et de Pat de Beer.

 

5 M.A. : Avez-vous jamais eu des problèmes de plume ? Nous savons que vos oiseaux ont beaucoup de plume, il y a donc un risque pour qu’un petit nombre de jeunes aient ce genre de problème ?

D.L. : Oui, j’ai quelques oiseaux de mon élevage qui ont des problèmes de plume mais pas de kystes.

Cette situation me satisfait, elle est le résultat d’accouplements entre oiseaux ne présentant pas des liens de parenté trop proches et de l’introduction, de temps à autre, d’oiseaux extérieurs choisis avec soin.

Grâce à cette méthode, je garde mes oiseaux à la fois en bonne santé et fertiles.

Si je m’aperçois qu’un oiseau a des problèmes de plume sérieux, je le retire de la reproduction.

A l’inverse, si j’ai obtenu douze jeunes d’un couple et que le meilleur d’entre eux est incomplet, je l’utilise pour la reproduction sans l’ombre d’une hésitation.

Par ailleurs, lorsqu’un oiseau sans queue me donne quelques jeunes sans queue également, j’arrête immédiatement toute la lignée car le problème est manifestement d’ordre génétique.

J’utilise également, parfois, des mâles atteints de mue française mais uniquement s’ils ont un patrimoine génétique particulier ou s’ils sont d’une qualité extraordinaire.

S’ils sont féconds, leurs jeunes n’auront aucun problème de plume car la mue française est d’origine virale, elle ne relève pas de la génétique.

 

6 M.A. Comment vous y êtes vous pris, Daniel, pour que vos oiseaux conservent une bonne fertilité et quel conseil donneriez-vous aux éleveurs qui ont des difficultés pour obtenir des jeunes de leurs meilleurs oiseaux

D.L. : Juste de laisser les oiseaux choisir eux-mêmes leur partenaire et les résultats seront meilleurs.

Il faut également faire attention à choisir le moment où les deux oiseaux sont en parfaite condition.

Surveillez attentivement le comportement de vos oiseaux.

Lorsqu’ils deviennent actifs, volent en tous sens, chantent continuellement et essayent de se nourrir les uns, les autres , c’est le moment de former vos couples même si les oiseaux ont l’air d’être en mue.

Mais si cela peut les rassurer, je dois reconnaître que je rencontre également ce problème de temps à autre et que je ne suis pas toujours en mesure d’obtenir des jeunes des oiseaux que je voudrais.

Pour conclure, je dirais que nous sommes tous plus ou moins confrontés à ce problème.

 

7 M.A. : Comment nourrissez-vous vos oiseaux ? Leur donnez-vous des compléments en période de reproduction ?

D.L. : Je leur donne de préférence des composants naturels.

La nourriture de base que je donne à mes oiseaux est le mélange de graines préparé par la firme suisse Mélior, commercialisé sous le nom de « mélange de graines Daniel Luetolf ».

La composition de ce mélange de graines figure sur mon site web à la rubrique élevage.

 

8 M.A. : Etes vous satisfait de la qualité de vos oiseaux ? Quelle qualité particulière travaillez-vous actuellement ? S’il vous plait parlez de qualités morphologiques pas de couleurs ou de mutations.

D.L.: Effectivement, je suis très satisfait de la qualité de mes oiseaux et de mes résultats. N’oubliez pas que je suis dans l’élevage depuis désormais plus de 30 ans ; L’expérience est, je pense, un des facteurs les plus importants en matière de réussite.

Mes oiseaux ont maintenant en eux toutes les qualités nécessaires, je dois juste veiller à les accoupler de manière appropriée, élever des perruches ondulées est comme assembler les pièces d’un puzzle ou réaliser une œuvre artistique.

 

9 M.A. : Quelles sont vos couleurs et mutations favorites ?

D.L. : Je ne puis répondre à cette question car, très honnêtement, je n’ai aucune préférence. En effet, j’aime n’importe quel oiseau dès lors que celui-ci est de qualité. Actuellement j’essaie d’améliorer des couples d’ailes claires que j’ai obtenus de Wim Wolfs, un éleveur hollandais.

Le contraste de couleur entre les ailes et le corps les rend agréables à regarder, cependant introduire en eux les bonnes qualités semble être une entreprise ardue, mais là est le challenge !!!

 

10 M.A. : Pensez-vous être allé au bout de votre démarche dans le travail de la qualité de plume de vos oiseaux, autre question, produisez-vous beaucoup de feathers dusters ?

D.L. : Pour être parfaitement honnête, j’élève chaque un certain nombre de feathers dusters, je dirais entre 3 et 5 pour cent des jeunes produits ce qui, je le reconnais bien volontiers, peut sembler important. Cependant, élever des perruches d’une qualité supérieure est comme marcher sur le fil du rasoir. A mon avis, il existe un lien entre l’absorption d’acides aminés et les feathers dusters. Si les oiseaux n’en consomment pas suffisamment ils restent petits , s’ils en consomment trop l’on obtient des feathers dusters.

 

11 M.A. : quelle est votre opinion à propos de l’élaboration d’un standard mondial officiel, de préférence à des standards nationaux spécifiques?

D.L. : Je ne prête pas réellement une grande attention au standard officiel, mais le nouveau standard de la WBO me convient même si, d’une manière générale le modèle retenu a, de mon point de vue, des proportions trop importantes. J’élève selon mon propre style, indépendamment du standard officiel.

Mes oiseaux doivent être tout à la fois grands et beaux.

 

M.A. : Dans un autre ordre d’idées, ajoutez-vous un complexe multivitaminés dans l’eau de boisson de vos oiseaux ou préférez-vous leur donner une eau fraîche et naturelle

D.L. : Je distribue quotidiennement de l’eau fraîche aux oiseaux qui sont en cage de reproduction et dans les volières durant la période chaude, voire même plus d’une fois par jour, car ils aiment s’y baigner et y faire leurs fientes.

Disposer d’eau fraîche est un élément extrêmement important. J’ajoute des additifs à l’eau de boisson tels vinaigre de pomme, jus d’orange ou citron frais. Ils diminuent les bactéries et constituent également un apport vitaminé. Le taux d’acidité de la nourriture de jabot est ainsi plus élevé ce qui, je pense, est un facteur de bonne santé. Je distribue également une fois par semaine un probiotique appelé «  Protexin et Calcivet ». L’eau de boisson additionnée de vitamines devient très rapidement mauvaise, ce qui constitue le revers de la médaille.

Si vous donnez trop de vitamines, ce que beaucoup d ‘éleveurs font, vous rendez vos oiseaux trop agressifs et, parfois, vous les empoisonnez.

Il faut donc être très prudent lors de leur utilisation.

 

12 M.A. : Quel oiseau ou quelle lignée avez-vous introduit dans votre élevage pour donner les plumes directionnelles (NdT : « effet buffalo ») que vos oiseaux arborent désormais ?

D.L. : Chaque fois que j’ai vu un oiseau avec des plumes directionnelles comme je cherchais, j’ai essayé de l’acquérir, même s’il s’agissait d’un oiseau de petite taille.

Un travail constant tout au long des années m’a amené désormais à un bon niveau en matière de plumes directionnelles.

Le caractère plumes directionnelles semble être un caractère récessif, non un caractère dominant.

A l’époque, il n’y avait pas d’élevage où cette caractéristique était présente de manière consistante, j’ai donc essayé de l’établir moi-même.

Beaucoup d’éleveurs en parlent maintenant sans comprendre ce qu’elle est réellement.

 

13 M.A. Quelle est votre vision de votre oiseau idéal dans le futur ?

D.L. : Comme je l’ai dit précédemment, j’aime les oiseaux grands, beaux et harmonieux.

Ils doivent également avoir une face agréable pour compléter le tout.

L’oiseau idéal doit être grand, en mesure de voler, toujours fertile, sans aucun problème de plume.

A mon avis, les plumes manquantes est le plus grand problème auquel nous avons à faire face aujourd’hui dans notre hobby.

 

14 M.A. : Quel pourcentage de fertilité avez-vous et comment faites-vous pour l’obtenir ?

D.L. : Difficile à dire d’une manière catégorique.

Je pense cependant que je suis satisfait lorsque sur 100 œufs pondus, 70 sont fertiles et que sur ces 70 œufs fertiles la moitié des jeunes passe le cap du sevrage et est sur le perchoir.

Au final, seul un tiers des œufs pondus donne naissance à des jeunes qui se développent et grandissent de la façon dont nous l’espérons.

Lorsque je lis chiffres et les statistiques d’autres éleveurs, je pense toujours qu’ils sont un peu surévalués.

La seule donnée qui compte est celle concernant le nombre de jeunes que vous êtes capable d’élever avec vos boxes dans l’année.

Pour ce qui me concerne, j’obtiens environ 10 jeunes par boxe et j’élève de novembre jusqu’à juin/juillet.

 

15 M.A. : Quel a été le caractère le plus difficile à fixer sur vos oiseaux ? 

D.L. : Je dirai la combinaison d’oiseaux petits et charmants avec d’autres de grande taille ainsi, qu’également et bien évidemment, les plumes directionnelles.

 

16 M.A. : Elevez-vous des variétés dites « rares » et comment avez-vous fait pour les amener à un bon standard ?

D.L. : J’élève des variétés rares tel les dilués, les ailes grises, les albinos, les lutinos, les corps clairs du Texas, les pies récessifs ainsi que, mon nouveau challenge, des ailes claires.

Pour augmenter leur taille, vous devez utiliser vos meilleurs oiseaux et travailler avec les porteurs.

 

17 M.A. : Quel est le meilleur élevage que vous ayez jamais vu ?

D.L. : Difficile à dire , tout dépend de la caractéristique que vous cherchez.

Pouvez-vous me dire quel est le meilleur musicien, peintre ou le meilleur artiste ?

Vous ne pouvez répondre à cette question.

Dois-je le faire ?

Si je donne quelques noms, je rendrai quelques personnes très heureuses et probablement beaucoup d’autres tristes.

Il est donc préférable que je m’en tienne à ce que j’ai dit.



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Je voudrais remercier Mathew Ackers pour ses questions auxquelles j’ai répondu avec plaisir.

Il y en a parmi elles de très bonnes et certaines assez inhabituelles.

J’espère que mes réponses permettront à des éleveurs de progresser.



Daniel Lütolf

Würenlos, le 23 août 2011

 

 
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